La
Théorie des disponibilités comme interprétation
des crises économiques et du problème social
Le terme "disponibilité" est familier aux financiers.
Cependant, il reste à en faire un concept précis de la science
économique.
Les
hommes d'affaire savent très bien qu'il est parfois facile de se
procurer des fonds pour la spéculation, que les émissions
de valeurs industrielles ou publiques trouvent un accueil favorable sur
le marché, alors que d'autres fois, il est bien plus difficile
de lancer des emprunts ou de se procurer de l'argent pour les besoins
du commerce. Il est fréquent de traduire ces phénomènes
par les expressions telles que "les disponibilités sont rares
ou abondantes sur le marché". Quel est le concept scientifique
qui correspond à cette notion intuitive chez les praticiens des
affaires ? C'est là le sujet que je me propose de développer
dans les paragraphes qui suivent.
Il
est évident que ce concept a quelque chose de commun avec celui
de capital et aussi avec ce que nous appelons la monnaie ; mais il n'en
demeure pas moins que ce concept ne se confond pas exactement avec aucune
de ces deux choses. II y a des capitaux que personne ne confondrait avec
les disponibilités, au sens financier du terme : une maison, une
usine, une marchandise ; et il existe aussi des disponibilités
que nul ne pourrait considérer comme capitaux, tel que, par exemple,
le solde créditeur d'un compte courant à vue. La monnaie
n'est pas toujours une disponibilité. Ainsi, celle que l'on destine
à une dépense ou à un paiement péremptoire,
de même qu'il existe des disponibilités qui ne sont pas de
la monnaie, telle qu'une ouverture de crédit, par exemple.
L'introduction
de ce concept dans la théorie économique apparut pour la
première fois dans mon ouvrage " SOCIÉTÉ ET
BONHEUR ". Le caractère accidentel sous lequel se présentait
ce concept m'empêcha de développer tout à fait ce
sujet ; seule une analyse préalable du mécanisme monétaire
permet de lui donner une assise rigoureuse ; ce sera l'objet de mon prochain
ouvrage " LA DYNAMIQUE DE LA RICHESSE ". Je pense qu'il serait
utile, pour les lecteurs de cette revue, de leur donner un premier aperçu
des grandes lignes d'une recherche qui se propose de pénétrer
dans un domaine peu exploré de la physiologie de notre régime
économique mais qui peut apporter un singulier éclaircissement
à certains phénomènes fondamentaux de notre ordre
social ; les fluctuations des affaires, le chômage, la pauvreté,
etc...
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