Cet ouvrage est une synthèse des recherches effectuées par l'auteur sur la monnaie depuis "la théorie des disponibilités", article publié en 1922 jusqu'à celui de 1944 sur "l'équation monétaire du capitalisme". Il marque l'apogée de l'œuvre théorique de BERNACER par la rigueur de l'observation et de la méthode, par la stricte délimitation du champ de l'étude, par la maîtrise des concepts et par la richesse de l'analyse comparative entre la théorie de l'auteur et les théories de certains de ses contemporains.
C'est l'ouvrage d'économie pure par excellence de toute l'œuvre de BERNACER ; il est très élaboré par l'approfondissement de la recherche, par la précision du langage, par l'intégration de la méthode mathématique dans un schéma de théorie dynamique. |
1° partie - Exposé
Chapitre 1 - le problème
Chapitre 2 - la théorie des disponibilités
Chapitre 3 - Monnaie et valeur
Chapitre 4 - les composantes du marché
Chapitre 5 - Investissement et désinvestissement
Chapitre 6 - la monnaie-marchandise
Chapitre 7 - la monnaie-signe
Chapitre 8 - les échanges extérieurs
Chapitre 9 - la dynamique du niveau des prix
Chapitre 10 - la méthode continue
Appendice numérique : exemple d'une série chronologique, hypothétique de prix.
2° partie - Discussion
Chapitre 1 - L’évolution d’une idée
Chapitre 2 - Les théories anglosaxones voisines
Chapitre 3 - L’économie sans monnaie et la monnaie neutre
Chapitre 4 - Le quantitativisme
Chapitre 5 - Le postulat de l'équivalence entre production et revenu
Chapitre 6 - Le postulat de l'égalité de l'épargne et de l'investissement
Chapitre 7 - Liquidité et disponibilité
Chapitre 8 - Le facteur temps
Chapitre 9 - La limitation de la production
Chapitre 10 - La qualité de la monnaie
Chapitre 11 - Les revenus aléatoires
Chapitre 12 - Le calcul des profits
Chapitre 13 - La division du temps
Chapitre 14 - Statique et dynamique |
La première partie est consacrée à l'exposé de ce que l'auteur dénomme la théorie fonctionnelle de la monnaie. Le problème fondamental de la monnaie est celui de sa valeur et plus particulièrement de la mesure de sa valeur. L'étude de cette question est liée à celle des fonctions de la monnaie. En effet, jusque là, la seule théorie élaborée de la monnaie est la théorie quantitative, or cette théorie selon BERNACER a trois défauts : elle est statique, elle n'intègre pas toutes les fonctions de la monnaie, et elle exprime une tautologie puisque les deux termes de l'équation fondamentale sont deux expressions différentes d'une même chose : la demande sur le marché.
BERNACER retient donc, dans sa théorie, le marché comme structure fondamentale de la valeur de la monnaie, la demande globale, le crédit et la thésaurisation comme manifestation des fonctions monétaires et il exprime la valeur de la monnaie en fonction de l'offre et de la demande. Il intègre les facteurs complémentaires tels que la création de monnaie et les échanges extérieurs et vise à exprimer un indice de variation de la valeur de la monnaie qui ne soit pas une tautologie et donc n'ayant pas les prix pour variable (puisque ce ne serait pas une variable indépendante de la valeur de la monnaie).
BERNACER élabore ainsi ce que nous appellerions aujourd'hui un modèle dynamique.
La deuxième partie est consacrée à la discussion analytique et comparative de sa théorie. BERNACER prend pour élément de comparaison les théories de KEYNES, de HAWTREY, de ROBERTSON, de WICKSELL, de FISHER, de PIGOU, de FOSTER et de CATCHINGS, et, sur les différents points de sa propre théorie, il établit des comparaisons qui permettent d'éclairer ses propres concepts et de les situer vis-à-vis des auteurs anglais notamment, puisque ce sont surtout les trois premiers auteurs cités qui servent de point de comparaison. Nous pourrions ainsi, en quelques mots (1) résumer le résultat de ces confrontations : BERNACER a en commun avec ROBERTSON l'analyse dynamique, avec HAWTREY l'intégration des stocks dans le schéma d'équilibre, et avec KEYNES, le rôle du taux d'intérêt. Les deux différences essentielles avec ces auteurs consistent dans le rejet total de la théorie quantitative qui est selon lui, soit erronée, soit stérile selon l'optique, et dans le rôle prédominant qu'il accorde à la thésaurisation. |
Cet ouvrage classe BERNACER, selon nous, au-dessus de ses contemporains, par la pertinence du modèle, par la rigueur de l'analyse, par le rejet de tout héritage classique, lequel nous paraît cristallisé dans la théorie quantitative énoncée par FISHER. Par sa méthode que J. RUEFF n'hésite pas à qualifier (2) d'économétrique, BERNACER introduit dans un domaine traditionnellement obnubilé par la théorie quantitative de la monnaie, une méthode véritablement scientifique. Pour notre part, nous apprécions particulièrement l'aspect fonctionnel de l’analyse. |