Dans le livre I, l'auteur situe d'abord le problème que soulève l'intérêt : il n'est pas question, dit-il, de faire un procès en légitimation de l'intérêt. Le problème de l'intérêt se situe exclusivement dans l'ordre économique. Il faut étudier le fait générateur de l'intérêt. Dans les chapitres suivants, BERNACER, fait une analyse critique de certaines théories de l'intérêt la théorie de la productivité du capital, celle de la demande de capital et celle de la rareté du capital. BERNACER semble privilégier dans ses critiques la thèse productiviste, qu'il soumet à une critique nourrie car, semble-t-il, elle repose sur une théorie de la valeur peu conforme à la théorie acceptée par BERNACER en la matière.
Le livre II, est d'abord consacré à une théorie de l'intérêt de TURGOT, car BERNACER a découvert après la publication de son ouvrage en 1916, que la théorie originale qu'il exposait dans "Société et Bonheur" présentait quelque analogie avec celle de TURGOT, qu'il a connu plus tard à travers CASSEL et BOHM-BAWERK. C'est cette antécédence qui fera dire à ROBERTSON que la théorie de l'intérêt de BERNACER est un morceau de néophysiocratie (4).
BERNACER va donc situer sa théorie par rapport à celle de TURGOT, après avoir réfuté les interprétations que CASSEL et BOHM-BAWERK donnent de la théorie de l'économiste français. La théorie de BERNACER est diptyque (5) ; elle intègre d'une part, une généralisation de la théorie de TURGOT, et d'autre part, le donné monétaire. Ces deux éléments distincts apparaissent très clairement dans deux chapitres différents de ce livre II (6).
Le livre III contient surtout l'analyse des théories de l'intérêt qui paraissent les plus absurdes à BERNACER, à savoir, celles qui sont fondées sur le sacrifice de l'épargne, sur le report des satisfactions futures, sur l'anticipation de la jouissance, sur l'agio, et sur l'hypothèse de l'épargne marginale. Il précise d'ailleurs, à ce propos, sa position critique vis-à-vis de l'épargne.
Ses notes en appendice précisent les éléments analytiques utilisés dans l'ouvrage et c'est dans la neuvième note qu'il reprend sa fameuse équation du marché (7) et la condition d'équilibre général qui en découle :
P = D + ΔE
R = D + ΔA
d'où la condition d'équilibre :
ΔE = ΔA
Avec : P = production de la période
R = revenu de la période
ΔE = variation des stocks
ΔA = variation du fonds des disponibilités (ou encaisses liquides)
Ceci revient à enlever à l'épargne le rôle de stabilisateur de l'activité économique que lui prêtent les classiques et les keynésiens. |